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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 21:01

9780340998595.jpgNataschaSolomons dédie ce premier livre à son grand-père, dont c'est l'histoire.

 

En 1937, une famille de juifs berlinois se réfugie en Angleterre .

 

Une liste détaillant la conduite à tenir est distribuée par une organisation juive à ces arrivants, ces "Class B enemy aliens" (risque possible pour la sécurité), comme les appelle l'administration britannique - d'où le titre du livre.

 

Dès cet instant, M.Rosenblum décide qu'il sera désormais un pur anglais, un gentleman anglais.

 

Son obsession donnera lieu à toute une série de scènes cocasses et pathétiques.

 

Fortune faite, il s'attellera à l'aménagement d'un golf dans le Dorset (comble de la britannitude), sur un terrain inadéquat et en dépit de l'opposition de paysans sournois qui se moquent de lui, lui mettent les bâtons dans les roues, lui racontent des histoires à dormir debout. Comme la légende du "cochon laineux du Dorset qui ne peut être tué que par une flèche d'or pur"...

 

Tout occupé à cette entreprise vouée à l'échec, M. Rosenblum délaisse sa femme, Sadie, qui, elle, n'a pas fait table rase du passé, n'a pas oublié ceux qui sont restés en Allemagne et en sont morts. Sa douleur muette auprès de ce mari égoïste est évoquée de manière poignante par sa petite-fille.

 

Ce récit tout en finesse de Natascha Solomons, plein d'humour, d'ironie et de tendresse, nous offre aussi un tableau de l'Angleterre, sans complaisance et drôle.

 

Mr Rosenblum's list, même s'il nous donne souvent à rire, est un livre triste. Il parle des persécutés qui, pour survivre, en viennent à se renier eux-mêmes.

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28 juillet 2012 6 28 /07 /juillet /2012 16:23

Comment, de l'abomination du bagne communiste un tel chef-d'oeuvre a-t-il pu naître?

Peut-être parce que Varlam Chalamov compte parmi les plus grands écrivains et les plus grands poètes.

 

Kolyma. Qui connaît ce nom? Peu de gens , je crois. Et pourtant nous devrions connaître ce nom comme nous connaissons celui d'Auschwitz. Pourquoi les crimes des nazis ont-ils été jugés à Nuremberg,pourquoi des chefs d'Etat se sont-ils agenouillés pour demander pardon aux victimes de la "solution finale", alors que les crimes de l'Etat Soviétique restent impunis, niés, enfouis, ignorés!

 

Il n'y avait pas de route pour atteindre les Monts de la Kolyma, à l'extrême nord-est de la Sibérie, là où la température descend jusqu'à moins soixante dregrés en hiver.

 

D'abord vous étiez arrêté, interrogé, torturé, comdamné. Le bagne. Cinq ans, dix ans, vingt ans... Puis le train, les trains, jusqu'à Vladivostok, aux confins de l'Empire. Là, vous embarquiez sur des navires spéciaux qui naviguaient vers le grand nord, sur la mer d'Okhotsk. Port de Magadane. Après, encore, pour les survivants, la longue marche vers les mines, la pioche, le froid, la faim, les coups, les balles des sentinelles, la mort.

 

Pour savoir ce qui se passait à Kolyma, lisez les récits de Chalamov. Chacun raconte l'histoire d'un homme: un gardien, un administrateur, un zek, un truand. Chacun, bourreau ou martyr est devant vous dans sa vérité. Il vit et meurt sous vos yeux. Chacun de ces hommes vous hantera pour toujours. Chaque phrase de ce livre pèse un poids écrasant de douleur.

 

22 ans de camp et Chalamov a gardé son âme - non pas son humanité- ce mot ne veut rien dire, les bourreaux étaient aussi des hommes -son âme.

 

Au plus profond de la souffrance, alors que sa pensée lui semble morte, Chalamov a pitié d'un oiseau, il s'afflige de l'abattage impitoyable des arbres si précieux dans ce désert glacé. Il témoigne du geste qui évite (peut-être) la mort à un camarade. Il nomme la secrétaire qui "oublie" la lettre T (trotskiste) symbole de mort sur un document officiel, donnant à un prisonnier une chance de vivre. (Peut-être)

 

Chalamov a été le témoin de ces horreurs. Il a écrit ce chef- d'oeuvre en s'oubliant lui-même, sans s'apitoyer, sans un appel à la vengeance, avec une ironie terrible.. Est-ce cela être un saint?

 

Il n'est pas trop tard pour verser des larmes sur les martyrs du goulag. Il n'est pas trop tard pour dénoncer le silence qui environne ces crimes qui ont commencé avec l'Etat soviétique, qui sont CONSUBSTANTIELS à L'Etat soviétique, cette monstrueuse administration de la mort, et non pas seulement, comme le prétendent les négationnistes communistes de tous les pays, le résultat de la folie de Staline.

 

Et le goulag chinois, combien de morts ? Les Khmers rouges, combien de morts?

 

On parle du "devoir de mémoire " pour les millions de victimes des nazis. Quand donc les millions de morts assassinés par les communistes auront-ils droit au souvenir?

 

Chalamov est  leur mémoire, leur voix, qu'on n'entend pas ou si peu.

 

Son esprit n'a jamais sombré. Son oeuvre est unique.

 

Quelle oeuvre est aussi terrible et aussi admirable que celle de Varlam Chalamov, le poète de génie?

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17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 18:08

Snowdrops.jpgAu moment d'ouvrir ce roman, Bruce ne sait  pas du tout ce qu'il a acheté. Un roman policier? Un roman d'espionnage? Non, ce sera une confession.

On n'en est pas moins dans un univers à la John Le Carré ou à la Martin Cruz Smith, mais sans policier ni espion. On avance dans sa lecture avec une sorte d'appréhension, un sentiment angoissant de catastrophe imminente.

C'est à Moscou, l'automne, puis l'hiver, puis au printemps, quand réapparaissent les cadavres ensevelis sous la neige. Moscou, décadente, absolument corrompue, amorale, violente, qui offre ses charmes trompeurs et dangereux à ceux qui peuvent payer et ne sont pas de force à résister à la tentation. Moscou où les hommes d'affaires sont des hommes de main pas même déguisés. Où les femmes sont belles, vénales, impitoyables. Où des vieillards rescapés de l'empire soviétique, perdus, abandonnés, errent sans recours.

Contaminé par cette atmosphère délétère, un avocat anglais expatrié saconte sa chute, son lent abandon de toutes ses valeurs morales. Quand la neige dissimulatrice disparaîtra, révélant la laideur des choses et des âmes, il sera temps pour lui de chercher le pardon.

Il ne reste plus qu'à espérer pour les Russes  qu' A.D. Miller, inspiré par un pessimisme maladif, a écrit là une pure fiction!

Même si, au départ, le choix de la confession écrite, paraît au lecteur une forme une peu artificielle, cette impression est vite effacée par la remarquable maîtrise de la narration dont fait preuve l'auteur du roman.

Qu'ajouter? Que "Snow Drops" est plein d'ironie, d'humour et d'observations pittoresques sur les moeurs des Moscovites. Paralysé par le froid qui règne dans Sin City, Bruce a failli oublier de le dire...


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9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 21:34

9782864244608FS.gifMassimo Carlotto écrit avec rage, à un rythme effréné une histoire de violence pure. Si le lecteur s'est laissé emporter par la vitesse de narration et la tension du récit, et c'est mon cas, il faut recommencer depuis le début après avoir fait une promenade relaxante ou avalé un calmant.

Comme il ne semble pas que Carlotto écrit un livre juste pour énumérer une série de meurtres, on peut se demander quel est, derrière cette explosion de violence, le sujet du roman. Eh bien, comme dans "J'ai confiance en toi", il dénonce, il crie pour dénoncer la pourriture généralisée qui selon lui gangrène son pays.

 Le narrateur, Giorgio, est un traître, une fripouille, un salaud total. Brigadiste condamné à perpétuité par contumace, il s'est réfugié en Amérique centrale dans une quelconque guerilla au coeur de la forêt tropicale. Pas vraiment la belle vie. Sur ordre du guérillero en chef, il abat, en lâche, son camarade de cavale d'une balle dans la nuque.

La suite sera une succession de crimes, de braquages sanglants, d'escroqueries, d'ignominies en tout genre.

Mais Giorgio n'est pas le seul de son espèce. Tous les personnages, de l'Oustachi croate au flic pourri, en passant par le politicien véreux, tous sont à l'avenant, crapules et tueurs à donner le vertige. Même les femmes, apparemment victimes, ne sont pas nettes: toutes des scélérates. Terroriste, délatrice, putain, jalouse, aucune n'est épargnée par Carlotto déchaîné. La putain sauvera quand même sa peau, petit geste de miséricorde de l'auteur.

Après toute cette hargne, toute cette haine, je vous conseille de descendre vers le Sud, de passer le détroit de Messine et d'aller rejoindre ANDREA CAMILLERI en Sicile, histoire de retrouver la lumière et de vous réconcilier avec la  vie.

Si j'osais, je conseillerais à Carlotto de prendre des cours sur l'art de la litote et de relire le maître LEONARDO SCIASCIA.

A signaler encore, en filigrane dans Arrivederci Amore, l'amicale des brigadistes rangés, prêts à toutes les compromissions pour éviter que leur peu glorieux passé ne leur saute à la figure...

Vous avez compris que la lecture de ce roman vous laisse quelque peu "sonné".

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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 22:48

9782353150649.jpgLe beau titre! La nuit polaire, La Finlande, la Laponie. On se voit déjà errant dans un décor oppressant, on sent déjà l'angoisse monter dans l'obscurité glacée... Mais c'est la douche, qui sera glacée!

James Thompson n'a pas vraiment le sens de la couleur locale. Il fait tant d'efforts pour se rappeler que son histoire se déroule en Finlande que ç'en est pathétique. (Son héros enlève le bonnet de laine d'un mort dont il vient de dire que son cerveau constelle la glace d'un lac gelé.) Mais à tout moment le lecteur craint que ne surgisse l'accidentel palmier ou la chemisette hawaïenne.

L'intrigue policière, entièrement constituée d'invraisemblances et navrante de platitude, recourt aux grands moyens pour donner le change: remake du Dahlia noir et supplice du pneu enflammé à l'africaine. (!) Sur la glace, ça rappelle un peu une "coupe Danemark", excellent dessert par ailleurs. Ces crimes horribles ayant un petit côté ensoleillé, on en déduit que J. Thompson se morfond l'hiver en Finlande et qu'il s'évade comme il peut.

Des romans policiers, oui, on en redemande. Mais écrits par des écrivains, si possible.

Si vraiment vous avez trop chaud, si vous voulez grelotter dans le vent polaire ou faire un tour à Hafnarfjördur, Islande, lisez plutôt Arnaldur Indridason. Pour l'ambiance.

Il y a quand même un détail à retenir du "Kamoos": Hullu Poro. Cela veut dire "Renne fou" en finnois. L'équivalent de l"'Hôtel du Cerf" ou du "Chat noir". Hullu Poro. Épatant. J'ai rebaptisé mon chat "Hullu Poro". Il adore ça.




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14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 12:02

captivate--1-.jpgPour avoir lu "Azincourt", je savais que Bernard Cornwell était un grand érudit doublé d'un grand écrivain. C'est donc en toute confiance que je me suis attaqué à "The Fort", et je n'ai pas été déçu.

Vous aimez l'histoire, les bateaux, les grandes fresques, alors précipitez-vous sur "The Fort", c'est un chef-d'oeuvre.

Si vous êtes comme moi, vous savez peu de choses sur la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. La Déclaration (All men are created equal), George Washington, La Fayette... ou alors Mel Gibson dans "Le Patriote".

Surtout, vous n'avez jamais entendu parler de la bataille de Penobscot Bay, comme beaucoup d'Américains, d'ailleurs. C'est leur Alésia et "ch'est quoi, Alégia?". Donc, bataille de Penobscot, 1779.

Cependant, "The Fort" est un chef-d'oeuvre qu'il faut mériter. C'est le récit d'une bataille et rien d'autre. Unité de temps, de lieu, d'action. Il faut se rappeler les noms des généraux, capitaines, lieutenants et autres sergents, sans confondre les Anglais et les Rebelles; mémoriser les noms des navires (assez folkloriques) sans mélanger la Royal Navy et la marine américaine; photographier les lieux, les emplacements des batteries et des mouillages; apprendre le calibre des canons et l'art de charger un mousquet. Tout ça. Mais vous serez récompensés de vos efforts.

Bernard Cornwell s'est attaché à montrer comment on perd (ou gagne) une bataille. "L'armée blâmait la marine, la marine méprisait l'armée, et à peu près tout le monde se plaignait de l'artillerie." Il montre ce que valent les chefs et leurs hommes face à leurs responsabilités, face à la peur et à la mort.

Les acteurs de ce drame sont ressuscités avec une telle vérité qu'on croit les entendre parler. Le Commodore Saltonstall qui ne regarde jamais ses interlocuteurs et craint par-dessus tout d'abîmer son navire; le général Lovell, incapable et ambitieux, rayonnant de nullité; le jeune lieutenant Moore, promis à la gloire; le brave général Peleg Wadsworth, maître d'école et honnête homme; Paul Revere, le héros légendaire de l'Amérique, ici déboulonné de son piédestal... Arrêtez-moi!

Pour couronner le tout, ce récit incroyablement minutieux et précis est aussi un tableau de maître et un poème romantique. "Their sails were taut and the wind was brisk..."

C'est trop. Un " tour de force", comme disent les Anglais.


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20 mars 2012 2 20 /03 /mars /2012 21:42

410BHYA4JAL. SL500 AA300Entre le commissaire Cordier et LLoyd Hopkins, il faut choisir. Et, c'est dommage, P. Lemaître n'a pas choisi. En conséquence, nous voilà avec un pied à Paris et l'autre à L.A. Pas très confortable, comme position !

Et puis le coup du serial killer qui envoie des messages au flic qui le traque, on nous l'a déjà fait, et pas qu'une fois, par écrit et au cinéma. On pense à Clint Eastwood et John Malkovitch dans "In the line of fire". Sauf qu'en l'occurrence, il faut remplacer Clint par Danny de Vito. Vous voyez le tableau? Parce qu'en effet le commandant (le commissaire) dans l'histoire qui nous intéresse mesure 1m45. Après les enquêteurs alcooliques, dépressifs, veufs, tourmentés, voilà les tout petits.

D'abord, je suis tout content. C'est une satire, on va rigoler un peu. Eh bien, pas du tout. Le livre est sérieux... Enfin, il m'a semblé.

Il se conçoit aussi comme un hommage au roman policier en général. Mais on est loin de Maigret! P. Lemaître donne dans le lourd, le déjà vu, le gore putassier.

Moi, j'en ai soupé du psychopathe sanguinaire dépeceur. Pas vous? Vous êtes de ceux qui se passent en boucle "Seven" le dimanche soir? Avec quand même une grosse tendresse pour Julie Lescaut? Alors vous aimerez "Travail Soigné".

Ceci dit, P. Lemaître écrit bien, il a du talent, sans doute. Il a reçu pour ce polar le prix du premier roman du festival de Cognac 2006.

Il a publié plusieurs romans depuis cette date. Dans le même genre apparemment.



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8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 21:36

9782213622590.jpgAu Royaume des femmes: beau titre pour un 8 mars, journée de la femme. J'ai une pensée pour celles qui n'ont jamais eu de droits, pour celles qui sont en passe de perdre ceux qu'elles ont acquis (les Tunisiennes, pour ne citer qu'elles) et celles qui doivent continuer à se battre pour conserver ceux qu'elles ont, c'est-à-dire toutes les autres.

Revenons au livre d'Irène Frain.

Difficile de mieux plomber son sujet dès la première ligne de l'Avertissement au lecteur. "Mon héros n'est pas le fruit de mon imagination." Pour un roman, quelle curieuse entrée en matière!

"Pèlerin ou simple curieux, on peut toutefois tenter d'en faire  le tour à cheval ou à pied, pour peu qu'on s'en sente le courage et qu'on soit doté d'une bonne santé." Là, l'auteur parle d'une montagne, mais on a déjà compris. On n'arrivera pas au sommet.

Bon. Le courageux lecteur va tout de même entamer l'ascension, ou la traversée, si l'on préfère. Mais l'accumulation étouffante de détails combinée au foisonnement du récit aura assommé le plus hardi et le mieux entraîné avant la page cent (et il y en a 813). L'explorateur Joseph Francis Rock arpentera la Chine à la recherche du fameux royaume sans nous. Surchargé, le porte-containers coule dans le port.

Si vous voulez lire l'histoire d'un explorateur excentrique, précipitez-vous plutôt sur le roman génial, le chef d'oeuvre de Tierno Monenembo, Le Roi de Kahel, prix Renaudot 2008.

Cela dit, si je n'ai pas eu la persévérance ou l'envie de parcourir ces 800 pages de voyage vers les confins de la Chine, je n'ai pu qu'admirer l'érudition et l'immense travail qu'il a fallu pour les rédiger.

De la même Irène Frain, il faut lire, entre autres ouvrages, Les Naufragés de l'île Tromelin. Ceux qui sont fascinés par la mer et les naufrages trouveront leur bonheur.

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21 février 2012 2 21 /02 /février /2012 10:45

9782265089563.jpgUn court vieux livre, 1946, de mon cher disparu.

Pas le meilleur, sans doute, mais puisqu'il n'y en aura plus jamais d'autres, il faut se jeter sur tout ce que le fils de Félicie a écrit.

La Crève:  un livre noir, un monde écrasant, des images violentes. La fin de la guerre, la milice, l'épuration. L'exécution terrible du jeune Petit Louis qui ne veut pas mourir. Le père qui se bouche les oreilles pour ne pas entendre le feu du peloton.

La mère, Berthe Bérurier tragique, a "un gros ventre habité par un fibrome". Obsession de la mort, laideur des corps, rien ne nous est épargné.

C'est avec les mêmes hantises que Frédéric Dard, Janus génial, irremplaçable écrivain, homme irremplaçable, nous fera rire. Mourir de rire pendant tant d'années... 

Bruce est inconsolable.

Qui encore saura, simple exemple, nous raconter un épique voyage en traîneau à travers le Groënland avec des Esquimaux qui fouettent la graisse rance, dont les bauges enfumées puent l'huile, le cul et la crevette (plus aussi la fourrure moisie), tirés par de tristes sires de véroleries de chiens au regard torve? (San Antonio " Les Morues se dessalent")

Personnne.

C'est dommage.



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16 février 2012 4 16 /02 /février /2012 20:45

130.jpgRoman d'espionnage, bien sûr, du grand le Carré. Ardu à lire dans sa langue originale pour celui dont l'anglais est rouillé et peu idiomatique. Le dictionnaire a chauffé. Restent encore les phrases tortueuses à relire trois fois. Combien pauvre est la langue d'autres auteurs à succès, en comparaison!

"Our kind of traitor" s'attaque aux méthodes sournoises et perfides de la bien nommée perfide Albion; aux accointances entre les hommes de pouvoir, les hommes d'argent et les mafias (de l'Est, en l'occurence).

Le simple citoyen ou l'agent secret patriote, honnête, fidèle à la parole donnée a bien peu de chances de l'emporter dans sa lutte contre le Mal.

Le roman nous emmène un moment en Suisse, pays que John Le Carré connaît très bien. Forcément, c'est un nid d'espions... Bonne pub pour le Bellevue Palace de Berne! Quelques piques amusantes sur la manie suisse du "propre en ordre" feront sourire les connaisseurs. Mais ce ne sont que quelques détails humoristiques dans un ouvrage par ailleurs sombre et pessimiste. Désespéré, même: la morale est impuissante face aux forces invisibles et mondialisées de l'argent.

L'ennemi n'est plus de l'autre côté du Rideau de fer, mais dans les murs. 

Cependant, si l'on se souvient de Philby et compagnie, cela n'a-t-il pas toujours été le cas?

Ne pas manquer de lire aussi du même le Carré "The Constant Gardener", pas gai non plus, meilleur encore que "Our kind of traitor".

Vive les bons vieux grands écrivains. John le Carré est né le 19 octobre 1931.

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